jeudi, mars 14, 2024
Wendo Kolosoy – Artiste – Conseil Francophone de la Chanson

artists

Wendo Kolosoy

Pays République Démocratique du Congo
Contact Sowarex asbl
Bruxelles
Email sowarex@arcadis.be
Site web www.sowarex.be
Genre world
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Agé d’une soixantaine d’années, Wendo Kolosoy est une figure emblématique de la rumba congolaise.

On a beaucoup raconté sur lui. Régulièrement depuis quelques années, on annonce sa disparition et dès lors les hommages fusent, chacun se revendiquant de son héritage… Heureusement pour nous, il réapparaît toujours, mais de plus en plus maltraité par un quotidien presque insupportable, celui des musiciens oubliés.

Wendo a été mécanicien de bateaux sur le fleuve Congo. Crooner incontournable des scènes africaines, auteur compositeur des « tubes » qui ont marqué l’Histoire de la musique africaine, précurseur ou inventeur de la rumba congolaise, Wendo a été protégé puis poursuivi par les hommes politiques de son pays. Marie-Louise, l’une de ses compositions à laquelle les congolais de l’époque accordaient la vertu magique de réveiller les morts, fut considérée par l’église catholique comme un air satanique; la chanson fut excommuniée et Wendo contraint de quitter la capitale et de se réfugier à Kisangani.

Son histoire se confond avec l’histoire accidentéede tout un continent.

Sa musique mélange subtilement des ingrédients aux couleurs africaines : une rumba chaloupée, des notes de guitare qui s’égrènent avec une fausse langueur et, surtout, cette voix patinée par les ans. L’histoire de la rumba congolo-zaïroise (dont Wendo Kolosoy est l’une des figures de proue) débute dans les années 20 à Kinshasa. Des coastmen (africains de l’Ouest installés à Kinshasa) commencent à introduire des instruments et des rythmes venus d’ailleurs au sein de la musique traditionnelle congolaise, qui présente, pourtant, un panorama déjà très riche d’ethnies et de coutumes différentes. C’est ainsi que l’harmonica, l’accordéon et la guitare se mêlent de plus en plus aux tam-tams. Les rythmes High-Life viennent structurer le tout. A Kinshasa, on se trémousse et on invente de nouveaux pas de danse, vite repris dans le reste de l’Afrique. Les dancings se multiplient à Léopoldville (ancien nom de Kinshasa) et les missionnaires regardent tout ceci d’un oeil éminemment réprobateur. Ils multiplient les initiatives pour détourner les jeunes de cette frénésie : les religieux organisent des activités sportives, développent le scoutisme et les chorales. Ironie du sort, ces chorales religieuses seront une formidable école pour la future génération de chanteurs.Dans les années 40, la rumba (venue d’Amérique Latine) déferle sur l’Afrique Centrale. C’est dans ce contexte bouillonnant qu’apparaît Antoine Kolosoy.Dès le début de sa carrière de chanteur, il prend le prénom  » Windsor  » (en référence sans doute au Duc de Windsor) rapidement transformé en  » Wendo Sor  » jusqu’à ce que le  » Sor  » tombe aux oubliettes. En 1948, accompagné par le guitariste Henri Bowane, il sort son premier succès.  » Marie Louise  » -sorti en 78 tours- devient le premier tube panafricain. La chanson, lorsqu’elle est jouée vers minuit, a même la réputation de pouvoir réveiller les morts. L’Eglise excommunie cet air satanique et Wendo est obligé de quitter la capitale et de s’exiler à Kisangani.Juste hommage à son talent et à sa contribution à l’histoire de la musique africaine, il reçoit un  » Ngwomo Africa  » lors de la première édition de ce grand prix panafricain de la chanson. Mais c’est le Massa 99 qui l’a véritablement remis sur le devant de la scène. Et, aujourd’hui, Wendo sort un nouvel album avec une équipe totalement renouvelée (seuls  » anciens  » : Albert Emina -66 ans- et Anne Marie N’Zié, la diva camerounaise, venue improviser un duo).

SOURCE: http://wendo_kolosoy.mondomix.com/fr/portrait164.htm

Biographie

De son vrai nom Antoine Kalosoy (déformé par l’usage populaire en Kolosoy), il est né en 1925 à Mushie du couple Lutuli Jules (Père, de la tribu Ekonda) et Bolumbo Albertine (mère, d’origine Kundo). A l’évidence, le Bandundu, région de sa mère, semble être la référence sociale qui incarne mieux son âme. Car, ayant perdu très tôt son père, c’est auprès de sa mère qu’il passera une bonne partie de son enfance. Ainsi, celle-ci n’hésite-t-elle pas, peu avant sa mort, à léguer à son fils tout ce qu’elle avait de si précieux, le mukwasa. Instrument de prédilection qu’elle utilisait pour s’accompagner au chant. Instrument sédatif, consolateur, dispensateur de bonheur ! Un héritage d’apparence banale, mais qui pouvait imaginer ses apports futurs dans la vie de Kolosoy ?

-« Prends ça mon fils, tu en auras besoin » lui dit-elle.

– « Qu’est-ce que ce truc-là, maman ? » demanda le petit Antoine, surpris.

– « Cet instrument t’aidera à créer le bonheur des gens, prends-en soin. Je te le lègue », rétorqua mama Albertine. Sans plus.

Dans son attitude envahie par un sens profond de responsabilité maternelle qu’elle entendait assumer jusqu’au bout, mama Albertine dut se garder de dévoiler le sens de ce geste inattendu, énigmatique. Le petit Wendo ne se sent pas

pour autant malheureux, encore moins esseulé dans une enfance bornée par une sollicitude maternelle envahissante. II est davantage plus proche de la mère de ses rêves, Albertina. Immortalisée sur un « 78 tours », Albertina, titre d’un des best-sellers de ses débuts chez Ngoma, marqua d’une empreinte particulière le marché du Phono.

C’est l’histoire .d’un couple dévoré par la flamme de « Vesta » (déesse de l’amour) qui s’enferme dans un univers de rêve; folIe passion amoureuse parlant autant que sa voix. Sur Albertina, il développe aussi un « doxe » féminin plus ancré dans les canons esthétiques de type africain, conférant parfois à la femme un pouvoir de séduction qui soumet l’homme à une adulation à la limite de la déification.

La splendeur d’Albertina, personnage féerique, accompagne le rêve de Wendo jusque dans le tréfonds de son lIe de beauté .(…) Mais l’ironie du sort fait, qu’à travers une autre « Albertina », l’artiste se révèle aussi comme un censeur populaire doublé du rôle de pédagogue social. II dresse un portrait plus sévère de la femme, fustigeant les dérapages d’une certaine « Albertina », saoularde et bagarreuse de renom, à Leo qui n’hésite pas à affronter ses rivales dans une pugnacité spectaculaire, au bar comme dans la rue. La chanson de Wendo s’inscrit dans le contexte de la chronique sociale incitant au respect de la dignité humaine.

Son regard sur la société est un miroir qui reflète ces vérités qui prennent encore plus de poids à 1a lumière des respects ancestraux: l’ancien, la femme, l’enfant et la famille. A travers un titre comme Youyou aleli Vela, Wendo recommande aux parents et aux maris l’intimité du cadre familial – et non la place publique – comme meilleur espace social d’éducation. En somme, la vie de ce chanteur de charme s’articule essentiellement autour du fleuve Zaïre. Elle vogue

sur les écailles liquides de cette « longue rivière » aux origines mystérieuses. C’est une vie qui se traîne. Wendo y a traîné en effet ses chansons, sa guitare, ses espoirs, ses (…)

C’est sur le pont du bateau « Luxembourg » que, le soir venu, Wendo grattait sur les cordes de sa guitare acoustique, le regard perdu dans un décor fluvial fascinant. Son univers se confond avec celui des riverains. Yeux demi-clos, il s’égare vers ses années d’enfance, scrutant les coins et recoins de sa mémoire, s’accroche à des silhouettes de femmes, belles, sveltes comme Marie Louise ou Bernadette. Sur le manche de sa guitare, il flotte sur trois ou quatre accords. Sa voix romantique d’une ampleur euphorisante est celle d’un amoureux du beau, fier et ivre de lui-même … et des autres, qui ne se

prive pas d’une petite autoglorification quand ça lui prend la tête (Biso ba Wendo ; Moi Wendo) Soutenu plus tard par son orchestre Victoria Kin qu’il crée en 1948 sur le modèle de son aîné Paul Kamba de Victoria Brazza (fondé en 1942) Wendo s’enferme dans des consonances de la capitale et de son village (Ngai mwana Lac… Je suis originaire de la région du Lac). Ses nombreux voyages sur le fleuve ont tout l’air des odyssées.(…) La fin de ses rêves intervient quand le bateau accoste au quai de Leopoldville. C’est la fin d’un parcours qui permet souvent à l’artiste-batelier, à ses heures d’évasion, de labourer le sillon « des amours tristes’ heureux et parfois condamnés ». Tous ces clichés fabriqués par sa mémoire déboucheront à coup sûr sur quelques enregistrements chez Ngoma. Avec ses amis du trio Bow (D’Oliveira et Bukasa Léon), il va éterniser les personnages de ses chansons sur des dizaines de « 78 tours » que le phonographe, encore dans son enfance, se chargera de populariser dans tout Léo. Grâce à cette « ardoise magique », la voix du maître de la chanson (alanga nzembo) sera présente partout, aspergeant le bonheur dans chaque cabaret, dans chaque poste récepteur radio – en ville comme au village. (…) Le roi de la chanson des années 5O prit aussi le temps de vivre au-delà de l’alchimie de la création apportant du soleil dans les cœurs de ses auditeurs.

II devient vite un sujet de légende. Ses chansons incarnent la culture et l’imagination de son temps. Au-delà de ses proclamations libertaires, il incrustera dans sa vision une pérennité traditionaliste, imperméable aux incitations des « riffs » latino-américains trop présents dans la musique de l’époque. L’auteur de la très célèbre Marie Louise, œuvre dédiée à la petite sœur de son ami Henri Bowane, est sans conteste le chanteur le plus adulé de son époque, à laquelle il a donné son nom Tango ya ba Wendo (l’ère Wendo). II s’imposera comme figure marquante non seulement par la force de son attachement aux valeurs traditionnelles, au point de devenir pour la génération suivante, le symbole de la musique des vieux « du temps de Wendo », comme le dira Rochereau, -se réclamant lui-même héritier spirituel – Mokitani ya Wendo – du chanteur le plus séduisant de Leo. Mais, il se distingue aussi par la pureté de sa guitare.

(-) Pourquoi cette musique qui parle si bien au cœur et à l’esprit ne peut-elle pas être aussi d’essence divine? Lui, comme ceux de sa génération, ont malgré tout partagé, à des degrés divers, la superbe d’une carrière musicale, en gestation certes, mais qui n’a pas fini de dévoiler la virtuosité et le génie créateur d’une jeunesse très imbue de sa propre dynamique et qui a su conjuguer ses efforts au pluriel. Tino Baroza, Soudaïn, Manoka, Ténor Mariola, Dasaïlo, Verre C’assé, Yayo, Ngolombou, Pewo, Tinapa, Honoré Liengo, Gobi, … – pour ne citer que ces quelques compagnons de studio – ont eux aussi fait partie effectivement de cette mouvance de la rumba originelle, dans l’aura de Wendo. Ensemble, ils constituent des créateurs mythiques.

(…) Antoine Kolosay devient pour le grand public Windsor (en hommage, dit-on, au Duc de Windsor)- par déformation : « Wendo Sor ». Au pinacle de son succès, l’artiste a continué de se trémousser- à la manière des ressorts de la voiture « Douglas » du gouverneur Petillon- chaque fois qu’il lui était donné de battre la mesure devant ses collègues, tous les soirs au Congo Bar.

SOURCE :livre de Manda Tchebwa, « Terre de la chanson , La musique congolaise hier et aujourd’hui », éditions Duculot, 1996.

 

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Banaya papa Wendo »

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